APPEL À LA RAISON

La laïcité, en son principe et en son esprit, est une réconciliation des croyants et non croyants, des identités.

La laïcité est le fruit des Lumières et des républicains, combattants pour la déconfessionnalisation de l’État, de l’enseignement public, et de la société…

C’est la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État.

Les cléricaux s’y sont opposés de manière vive et les laïques y ont répondu de la même manière.

Mais la loi de 1905, à juste titre célébrée chaque année, fut une loi de compromis : entre ceux qui voulaient éradiquer le fait religieux et toute expression religieuse de la société et ceux qui considéraient que ladite société ne pouvait se normer que sur les dogmes de l’église catholique.

C’est la laïcité républicaine, d’entente raisonnable, qui a triomphé et qui s’est appliquée pendant de très nombreuses années…

Plusieurs tentatives récentes ont remis en cause le principe de la laïcité.

En 2005, les associations laïques et les obédiences maçonniques manifestèrent dans la rue entre la Bastille et Richelieu-Drouot pour protester contre le rapport Machelon, proposant la remise en cause de l’article 2 de la loi de 1905 et donc la possibilité pour l’État de financer la construction de lieux de cultes…

Ayant eu l’honneur de prendre la parole ensuite de cette manifestation auprès des présidents de la Libre Pensée, Ligue de l’Enseignement et Ligue des Droits de l’Homme, nous avons manifesté fermement une opposition à ce retour du cléricalisme d’État.

En décembre 2008, le président Nicolas Sarkozy prononça son discours du Latran où il exprima qu’une morale laïque était nécessairement asséchée, que le pasteur au sens générique du terme était plus fondamental que l’instituteur puisqu’il n’était pas limité par sa propre connaissance du fait de la transcendance, et que c’était un monde sans Dieu qui avait amené les totalitarismes nazis et soviétiques…

À la tête du Grand Orient de France à l’époque, nous avions vivement protesté auprès du président de la République qui nous recevait le 8 janvier 2008 à l’Élysée.

Aujourd’hui François Fillon, candidat désigné pour les élections présidentielles par la droite et le centre-droite a non-seulement exprimé à plusieurs reprises sa foi chrétienne, mais a surtout dans l’une de ses interventions dit que la transcendance était nécessaire à la vie de l’homme.

Par ailleurs, les intégristes musulmans, au-delà même des terroristes qui sévissent, mettent en cause l’égalité hommes femmes, la reconnaissance de l’homosexualité, l’interdiction de changer de religion, et prônent le retour du délit du blasphème…

Tout cela n’est pas acceptable et il faut combattre les dérives, d’où qu’elles viennent.
La laïcité ne peut être opposée au multiculturalisme, ou plus précisément encore au cosmopolitisme qui est une richesse pour notre pays, cosmopolitisme des idées et des êtres si combattus par les ligues fascistes dans les années 30…

Ce n’est pas, nous l’avons dit à plusieurs reprises, en interdisant, en punissant, en sanctionnant, en excluant, en éliminant, au nom de la laïcité, que l’on incitera à partager et à mieux faire comprendre et accepter le principe de laïcité.

Plus encore, c’est en pratiquant une laïcité autoritaire, voire brutale, que beaucoup de modérés musulmans rejoindront alors les rangs des extrémistes…

C’est la raison pour laquelle la laïcité étant en quelque sorte le centre de l’union, il convient d’arrêter, sur ce sujet, les discours de haine, les débats hargneux…

La laïcité n’est pas un dogme : c’est un principe qui, comme tout principe, peut être discuté, interprété ou appliqué de manière différente selon les circonstances.

Il nous faut penser aussi la laïcité.

Quelle ne fut pas notre consternation lorsque ces derniers jours, un vent de folie a traversé le monde laïque lors des récentes élections primaires cette fois-ci de la gauche…

Des tribunes, ou projets de tribunes, des communiqués, des articles parus dans la presse dénonçant le candidat élu, Benoît Hamon, comme n’étant pas laïque et demandant à tous les laïques de le combattre de manière extrêmement ferme…

Consternation car la laïcité sortait de son rôle en appelant implicitement à voter pour un autre candidat et en calomniant celui qui avait été élu par les participants à ladite primaire de gauche.

Consternation aussi des mots employés, d’une violence inouïe et inacceptable.

En effet, nous avons besoin de tous les républicains qu’il soit de gauche ou de droite pour défendre la vraie laïcité, la laïcité républicaine qui n’est pas la laïcité identitaire de Mme Lepen, la laïcité chrétienne de M. Fillon, ni la laïcité interdite des théocraties islamiques…

Nous sommes de plus en plus las d’un certain nombre de laïques, qui se croient dans un camp retranché, détenteurs de la vérité unique et absolue et qui, la rage aux dents, dénoncent…

Reprenons et sachons garder raison car la laïcité, justement, c’est d’abord et avant tout l’expression de la raison dans un monde de chaos et de tumulte.

L’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DE LA LAÏCITÉ CONTRE LES DÉRIVES COMMUNAUTAIRES.

Son Président,
Jean-Michel Quillardet

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