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INQUIÉTUDES

Le 21 avril 2002, tous les républicains de droite et de gauche déclaraient suite à la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles : « Plus jamais ça (…)  ». Une grande manifestation était organisée de la Bastille à Nation, l’émoi étant considérable en France.

Quinze ans plus tard, Mme Le Pen est présente au deuxième tour et les sondages pour l’élection du Président de la République la mettent d’ores et déjà à près de 40 % ! Personne ne s’en émeut, aucune manifestation, un malaise sans doute, mais c’est tout… L’inquiétude est bien là : cette indifférence, cette banalisation en quelque sorte. Pourquoi ?

Parce que depuis quinze ans, la droite et la gauche gouvernant le pays successivement, ont conduit à cette situation. Banalisation de la parole « frontiste » en matière d’immigration, de sécurité et de laïcité. Par ailleurs, les inégalités économiques, sociales et culturelles se sont accrues. Les pauvres devenant de plus en plus pauvres, les politiques de gauche et de droite précarisant les droits sociaux, les contrats de travail… De nombreux compatriotes se sentent oubliés par la classe politique, « l’establishment  » … comme ils disent. De nombreux électeurs du Front national considèrent qu’il existe deux France, celle d’en haut et celle d’en bas. Ont-ils totalement tort ?

À Paris, ville de privilégiés s’il en est, le Front National est à 5 % : tout est dit. La gauche a cependant une responsabilité particulière : dans le terme parti socialiste il y a socialisme et un socialisme même de gouvernement est une pratique politique, idéologique, historique, qui consiste justement à aider les plus pauvres, à organiser l’ascenseur social, à rétablir une justice fiscale et à garantir plus de droits individuels et collectifs… C’est bien le contraire qui a été fait pendant ces cinq dernières années.

Après cinq ans de Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen au premier tour des élections présidentielles de 2012 était à 16 %, cinq ans après François Hollande, Marine Le Pen est à plus de 21 %, soit plus de 5 points en plus. Cherchez l’erreur… Il est assez cocasse d’entendre des membres du gouvernement de Monsieur Hollande critiquer le candidat du parti socialiste qui est arrivé à un score extrêmement bas… Comme s’ils pouvaient se défausser ainsi de leur propre responsabilité dans l’échec. L’histoire rectifiera les faits.

Le rassemblement républicain face à Mme Le Pen est évident. La candidature d’Emmanuel Macron se situe d’ores et déjà dans un souci de rassemblement. En revanche, Emmanuel Macron ne pourra pas être élu Président de la République avec ses 24% obtenus au premier tour. Il doit a minima engranger en sus 30% des voix. C’est la raison pour laquelle il devra dans sa campagne et dans sa présidence tenir compte aussi des programmes des candidats qui n’ont pas été sélectionnés au deuxième tour des élections présidentielles et se tourner vers la gauche afin de convaincre les électeurs et en particulier les électeurs de Mme Le Pen que le gouvernement de la France va enfin s’occuper des plus pauvres, des plus délaissés, des plus misérables sans adopter les vieilles recettes de l’extrême droite française : la xénophobie, la discrimination, la haine mais en exprimant un humanisme progressiste, réaliste et fécond. C’est le seul moyen pour lui de gagner et de gouverner. Il devra également faire un geste vers la droite républicaine.

En résumé nous ne pouvons échapper à un gouvernement d’union nationale. Il ne s’agit pas ici d’appeler des personnalités diverses et variées de droite ou de gauche mais d’une union nationale des idées et des projets. Les défenseurs de la laïcité républicaine que nous sommes doivent prendre leur part dans cette bataille mais aussi pour soutenir le prochain quinquennat, avec vigilance quant à la nécessité de construction d’une société plus apaisée, respectant les diversités et luttant contre les inégalités.

L’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DE LA LAÏCITÉ

CONTRE LES DÉRIVES COMMUNAUTAIRES.

Son Président,

Jean-Michel Quillardet

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